Entropie V.2
Exposition de Pablo Boissel-Arrieta
Du 8 mars 2025 au 12 avril 2025
16 Allée du Commandant Charcot
44000 Nantes
Du mercredi au samedi
De 14h à 19h et sur rendez-vous
Exposition de Pablo Boissel-Arrieta
Du 8 mars 2025 au 12 avril 2025
Du 8 mars au 12 avril 2025, RDV présente : Entropie V.2, une exposition de l’artiste Pablo Boissel-Arrieta.
Le projet de recherche en création plastique et sonore Entropie mené par Pablo Boissel-Arrieta a pour désir de rendre sensible le cri silencieux de toute matière, vouée à la mutation et au délitement.
Lorsqu’on entre dans une cavité souterraine, comme dans des grottes pétrifiantes, on est toujours émerveillé par cet environnement bâti de mille façons, aux formes étranges. On comprend, de manière frappante, la nature du temps. Celui du goutte à goutte, celui de la lenteur, du temps de la création par la nature. Souvent obscures, lorsque ces grottes se dévoilent à nos yeux, l’espace nous apaise et le son devient si différent. Le temps s’arrête.
Déjà au cœur de ses premières recherches, la question du temps était un concept central. Il a toujours interrogé notre anxiété face au temps qui défile. Passant au départ par le corps et son obsession pour la peau : délitement, obsolescence, dégradation ont formé le champ lexical de son travail boulimique. S’essayant à la peinture, au savon, au chocolat, à la sculpture de cire… toujours avec acharnement, l’artiste défie l’approche de nouveaux matériaux. Il collabore avec les autres en incluant même les abeilles. À chaque fois, il redevient un autodidacte qui teste la matière et la dirige pour en faire ressortir le meilleur.
Entre pureté des formes et archaïsme de la terre crue, on suit le parcours de ce jardin de pierres sacrées. Laissant apparaître les traces du traitement de l’homme, par ces pinces, fils électriques et tuyaux, on ne retient pourtant que ces protubérances longilignes et modelées. Une fois la nature du processus technique révélé, on devient alors plus attentif à ce que l’on voit. On ressent bien plus que ce que l’on entend. On remarque enfin la dimension de la pièce dans laquelle on se trouve. On se reconnecte quelques minutes à une forme de silence intérieur. Rappelant à mesure de l’écoute, que la nature elle-même produit un répertoire sonore, ces sculptures fonctionnent comme des organes vibrants nous conduisant vers une expérience chamanique et hypnotique.
Travailler avec du périssable nous rappelle qu’il ne faut pas avoir peur du temps qui passe. Il ne faut pas craindre la transformation de la matière, car c’est elle qui définit la réalité de notre monde. A l’instar d’une société qui se hâte en quête de beauté éternelle et d’une jeunesse interrompue. A l’instar d’un monde artistique qui prône le spectaculaire et le sensationnel, rappelons ici que la posture de l’artiste est rare, elle est généreuse. Pablo Boissel Arrieta nous rappelle que le changement d’état est par essence poétique, et fondamentalement métaphysique. Il faut prendre conscience que donner corps c’est donner à penser.
Céline Cailliau, 2025