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Exposition

Ébrèchement de la certitude

Exposition de Benoit Travers

Du 16 novembre 2019 au 21 décembre 2019

Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Benoît Travers
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV
Ebrèchement de la certitude - Benoît Travers ©Galerie RDV

Benoit Travers propose à RDV un morceau de son projet Ébrèchements, résultat de plusieurs phases de recherches, de créations et de résidences menées précédemment.

Ébrèchement De la certitude.

Benoit Travers métamorphose l’objet ordinaire. D’un geste unique il le mutile. Progressivement, l’origine de l’objet s’altère. L’objet perd son objet. Des œuvres aux contours flous se dessinent, un dispositif radical se construit.
Machinalement, l’artiste actionne une opération soustractive de l’œuvre. Il invoque la présence conceptuelle et poétique de la pensée du philosophe L.Wittgenstein, pour qui l’homme n’est pas un être de la pensée mais de l’expérimentation. Et c’est en ce sens, que les œuvres de l’artiste deviennent le langage de l’action, son avoir lieu.
Ce processus de désoeuvrement devient le développement complexe des expressions primitives de Benoit Travers. Et peu à peu, nous appréhendons les règles qui donnent leurs sens aux sculptures de l’artiste.

Ainsi sur un débris d’aile de voiture trouvé dans une décharge à Gafsa, Benoit Travers vient impacter la tôle et fait s’éclater la peinture. Un mot apparait. Clonisation. Mais, comme si nous étions victime d’un trouble visuel, la transposition est quasi automatique et les lettres indélébiles viennent sonder nos mémoires de l’oppression coloniale.
C’est aussi à Gafsa, en se promenant aux abords de la ville, que Benoit Travers remarque une voiture abandonné près d’un oued. Instinctivement, l’artiste entame un processus de dégradation. La tôle absorbe et fait résonner les coups de l’artiste qui martèle durant quatre heures d’un rythme effréné, frôlant l’asthénie.

Ici, l’écran d’acier souffre des mêmes stigmates et, sans doute dans une démarche de remise en cause des codes de la documentation artistique, devient le témoignage de cette action.

Ailleurs c’est au matériel de chantier que Benoit Travers s’attaque. D’un seul geste, il cogne sur notre connaissance du monde et échafaude une technique de modification du signifiant.

Dès lors, la palissade de chantier ne clôture plus la zone de travaux, les socles ne soutiennent plus la palissade et le poteau de signalisation n’a plus rien à signaler. Les pièces sont désormais silencieuses et deviennent la restitution de l’expérience de l’action, un mécanisme documentaire faisant œuvre.

En contournant la palissade, un tout autre travail se dévoile. Une colonne mouvante se dresse dans le passage, gênant presque notre progression dans l’espace. Toutefois, la matière n’est pas aussi inflexible qu’elle n’y parait quand on aborde l’installation totémique qui lui fait écho. Celle-ci se réfère inéluctablement à la culture traditionnelle africaine absorbée par l’artiste lors de ses multiples voyages quasi initiatiques. Les morceaux de tissus débordant du papier corroborent l’idée de la transgression de la matière. Néanmoins, le caractère impalpable des pièces apportent une dimension plus onirique au travail de l’artiste. Comme ce livre bordé d’un halo noir, apparut accidentellement et dont la manipulation se révèle chimérique. Sur les livres de Wittgenstein recouverts d’une feuille de plomb, l’artiste entaille le papier. Les pages entremêlés se tournent, comme un événement imprévisible, irréversible. Il est impossible de manipuler ce livre ordinairement, d’en maîtriser le cheminement d’une lecture linéaire. Et le travestissement de la certitude révèle sur l’artiste une appétence accrue pour l’inconnu.

Plus loin, des câbles lacérés au sabre prennent l’apparence d’une couronne d’épine en référence à l’un des évènements déclencheur de la révolution tunisienne. Tandis qu’une autre plaque d’acier martelée réinvestit une action menée par un anonyme à Hambourg qui avait recouvert de peinture or une Porsche calcinée.

Oscillant entre poésie et politique le travail de Benoit Travers contient des dimensions d’imprévisibilité et d’aléatoire, refusant le strictement établis. Et finalement, l’ébrèchement est pour lui le geste fondateur de ses actions et de sa pensée, avec lequel il fabrique un système symbolique qu’il a envisagé comme jeu de langage.