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Exposition

Résidence - temps court

Exposition d’Enna Chaton

2 février 2008

Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
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Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton
Résidence - temps court - Enna Chaton ©Enna Chaton

Enna Chaton s’installe dans la galerie RDV du 02 février au 8 mars 2008 avec des images - photographies et vidéos - faites en partie à St Gaudens lors de sa résidence et exposition au Centre d’Art la Chapelle St Jacques.

Enna Chaton a recherché des modèles par l’intermédiaire de petites annonces passées dans un journal local. Le fruit de ces rencontres particulières donne à voir une série de photographies et une vidéo de personnes posant nus, seuls ou en groupe, dans des paysages tel une gravière, une décharge, des champs cultivés ou une scierie de la région.
Les postures statiques, l’absence d’érotisme dans la mise en scène et le choix de corps extérieurs aux codes esthétiques en vigueur provoquent une étrangeté des images et questionnent l’idée de la mise en scène de l’intime. Depuis quelques semaines, Enna Chaton prend contact avec des Nantais et Nantaises rencontrés également par petites annonces locales, elle propose à tous de poser ensemble, nus, souvent pour la première fois, de les « mettre en scène » dans des appartements prêtés pour la circonstance.

« Un gout de l’âme

Il est un adage apparu sur les murs et rédigé anonymement qui stipulait : « Au pouvoir des mots, je préfère le mouvoir des peaux ». Autre temps sans doute, le jeu de mots prenant valeur d’échappée et de critique vis-à-vis d’une autorité, la parole, sur le corps. Or, avec Enna Chaton, gageons que tout ce qui relève du mouvement des corps, de leur arrêt, de leur suspension, rejoint le tremblement infini des phrases, des confidences, des éclats ou des chuchotements qui s’immiscent entre deux images, entre les objets, les silences et les couleurs. La parole véhicule également du désir, elle prolonge ou anticipe des désorientations physiologiques, elle est imprévisible. Monnaie d’échange, elle jette sur les sens de nouvelles braises, elle les éteint tout autant. Elle se noie dans les battements d’une paupière comme dans ceux d’un cœur. A son tour le corps est un diffuseur d’indéterminations. Il est modulation. Il vient se frotter à des fictions qui ne demandaient qu’à se laisser voir, vivre.

Enna Chaton est une cueilleuse de corps et de mots. Une collectionneuse ? Peut-être, bien que l’enjeu très rapidement se révèle ailleurs que dans l’obsession de la conquête, ou de la possession. Les images sont vives mais sans ostentation, la violence semble éradiquée, l’audace est bien là mais a déjoué tout esprit de provocation. Il y a de la douceur, comme si le sentiment de culpabilité s’était envolé, comme si la honte avait brisé ses attaches terrestres. Car il y a de l’ange aussi, en totale inadéquation avec notre époque obscène.

La nudité n’est pas obscène. Ni la masturbation, l’orgasme, le rire et la mort. La nudité surprend Dieu. La vision de l’homme et de la femme se trouve ici aux antipodes de l’effroi dans lequel ont voulu nous plonger les soutanes, et que prolongent aujourd’hui les intégrismes de tous bords. La nudité est un paysage appuyé sur la volupté, le désir, sur une accessibilité où le péril paraît écarté, car la menace viendrait d’ailleurs, de la langue hypocrite, du rejet du jour, j’allais dire du jouir. »
Extrait du texte de Pierre Giquel, publié dans le livre Un goût de l’âme de Enna Chaton et Laurent Moriceau aux éditions image/imatge en 2005.