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Artiste

Baptiste Jan

1 exposition

Baptiste Jan vit et travaille à Angers depuis 2022. Il obtient son DNSEP à l’École Supérieure des Beaux-Arts d’Angers en 2021. Il est membre du collectif Blast depuis 2022.

Baptiste Jan travaille à partir de matériaux issus du spectre utilitaire — ceux qui isolent nos maisons, éteignent un incendie ou protègent des éclaboussures. Leur fonction est pragmatique, leur sensibilité secondaire. Pourtant, c’est précisément cette sensibilité qu’il cherche à révéler en les détournant de leur usage. En les extrayant de leur finalité fonctionnelle, il les fais basculer dans le champ de l’installation, de la sculpture ou de la photographie. Les matériaux subissent alors une destruction physique partielle, qu’il prolonge par une reconstruction symbolique et morale. C’est une forme de soin. Ce processus passe par l’itération de gestes simples, presque rituels : chaque morceau de houille est brisé au marteau à piquer dans la paume de la main, puis nettoyé consciencieusement. Chaque houppe de laine est saisie, plongée dans la colle, toujours selon le même mouvement. En ritualisant ces gestes profanes, il joue une partie de ping-pong entre matérialisme et sacralité, laissant l’oeuvre se charger de sa propre mythologie. Sa recherche actuelle croise deux approches théoriques qui l’aident à penser ce travail : le concept de structure axiomatique chez Rosalind Krauss et l’analyse de la théologie de la libération chez Luis Martínez Andrade. Chez Krauss, la structure axiomatique désigne des formes qui empruntent à l’architecture ses éléments fondamentaux — murs, cloisons, seuils — mais les vident de toute fonction. Ces structures deviennent des dispositifs critiques, des formes de déconstruction qui désarticulent l’espace normatif. Chez Andrade, le sacré n’est plus l’apanage d’une autorité religieuse verticale, mais un lieu de lutte et de solidarité. Il se réinvente dans les pratiques populaires et syncrétiques, comme autant de résistances symboliques et matérielles au capitalisme néocolonial. Là où la structure axiomatique de Krauss déconstruit, et où la théologie de la libération d’Andrade libère, il essaie de réparer. Il injecte du soin dans des formes critiques. Il enveloppe ce qui était nu. Il construis des espaces sans fonction explicite mais chargés de tension — entre ruine et sanctuaire, entre absence et présence, entre effondrement et espoir.