Philippe Caamano

Philippe Caamano est né en 1999 à Ajaccio. Il vit et travaille à Nantes. Il est diplômé d’un Master de recherche en création contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2022. Il obtient son DNSEP à l’École Supérieure Nationale des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire en 2025.

Le point de départ de son travail s’ancre avec des objets et des matières issues de la civilisation industrielle. Qu’importe leur échelle, ce sont les histoires qu’ils renferment qui captent son attention. À l’image de ce que décrit Timothy Morton, ces objets nous guettent, tels des visages collés derrière une vitre. Et même obsolètes, ils ne sont pas pour autant vidés de leur pouvoir. À travers son travail de sculpture et d’installation, Philippe Caamano réactive ces formes en déplaçant leur statut ; leur redonne une voix pour les introduire dans un espace de perception sensible. Véritables Pharmakon du XXIe siècle — poisons et remèdes —, les objets qu’il modifie cristallisent les stigmates et les contradictions de notre époque. Par le mouvement, le son, le texte ou plus récemment des processus chimiques, il détourne ces artefacts déclassés de la rationalité, pour générer d’autres récits. Ce travail est, pour lui, à la fois un moyen et une voie d’accès aux affects humains enfouis en eux. En articulant processus techniques, savoirs et objets avec le corps des
spectateur.ice.s, chaque pièce devient un lieu de projection possible — consciente ou non — de nos expériences humaines dans nos sociétés techniciennes. Comme s’il s’agissait de trouver une aiguille cachée dans une botte de foin, l’artiste cherche des interstices poétiques dans des formes qui ne s’érigent qu’au travers de normes et de standards d’utilisation. Là où la rationalité de l’usage structure, il mécanise la latence, injecte de la lenteur et laisse couler les fragilités. Autant de paramètres qui se rapprochent du vivant, des lois des corps organiques et qui ouvrent ainsi des zones de contact cinétiques, sonores ou olfactifs, en prise directe avec la subjectivité des spectateur.ice.s.