16 Allée du Commandant Charcot
44000 Nantes

Du mercredi au samedi
De 14h à 19h et sur rendez-vous

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Artiste

Antonin Gerson

1 exposition

Antonin Gerson est né en 1991 à Saint-Sébastien-sur-Loire. Il vit et travaille à Bruxelles. Il obtient son diplôme national supérieur d’expression plastique à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes en 2016.

Antonin Gerson fait du son une matière sauvage et magnétique, une onde qui rampe sous la peau, qui scanne les architectures invisibles de nos vies et de nos mémoires. Il n’écoute pas seulement : il capte, décode, recompose. Ce qu’il crée n’est pas une simple succession de fréquences, mais des plis sonores où se lovent les récits des villes, des foules et des espaces battus par nos existences trépidantes.
Dans ses installations, chaque grincement, chaque souffle, chaque rumeur prend racine quelque part. Un plancher craque comme une fracture temporelle, le métro éructe ses pulsations métalliques, une cloche oubliée se fait techno dans l’onde sourde d’une rave. Tout se mélange, s’entre- choque et se tisse, parce que le réel est un chaos acoustique qu’il faut reconfigurer pour y survivre. Antonin Gerson le sait : chaque son est un code, une empreinte sociale qu’il hacke pour nous reconnecter à l’invisible.
Mais ce n’est pas seulement une question d’écoute, c’est une question d’incarnation. L’espace, chez lui, n’est pas neutre.
C’est un organisme vibrant qui respire avec ses dispositifs. Rien n’est laissé au hasard : chaque enceinte, chaque câble, chaque réverbération sculpte une topologie sonore où le spectateur, ce marcheur-hackeur, devient l’interface vivante d’une partition mouvante. Il n’y a ni white cube ni espace aseptisé dans son univers. L’exposition devient un champ électromagnétique où se joue une tension entre mémoire collective et visions futures. On traverse, on frôle, on se frotte aux sons comme à une matière palpable, vivante. Rien de figé, tout s’écrit dans l’instant, une partition liquide, offerte à la subjectivité. S’il puise parfois dans l’histoire de la musique, c’est pour mieux la court-circuiter. Ce qui l’intéresse, c’est la culture populaire, la chair sonore immédiate : la techno d’une salle obscure, l’écho numérique d’une époque hyperconnectée, les voix de la rue. Des cloches médiévales remixées à l’infini dans un paysage sonore où la nature elle-même n’est plus qu’une pulsation modifiée, impactée.
Parce qu’Antonin Gerson ne nous vend pas une nature mythifiée, mais celle qui a digéré l’homme et ses machines. Les sons du vivant qu’il convoque sont des hybridations, des fréquences altérées, des frémissements où la technologie et l’organique se fondent sans honte. Écouter ses pièces, c’est plonger dans une nature augmentée, toujours sur le fil entre rupture et réconciliation. Et c’est là que réside l’un des pouvoirs essentiels de son travail : cette tension fertile entre l’évasion sensorielle et la prise de conscience critique. Il ne propose pas de vérité, seulement des trajectoires, des brèches ouvertes où chacun peut projeter ses souvenirs, ses peurs, ses désirs. Comme une polyphonie inachevée où le public devient le dernier instrument à accorder.