"Le pictogramme est une figure ou une suite de figures qui dépeignent concrètement une action. Ce qui caractérise le pictogramme, dans ses liens avec l'écriture, c'est sa linéarité: comme c'est la cas par l'alignement successifs des phrases d'une action. C'est la représentation des états successifs d'une action en de petits dessins, une image qui a un passé, un présent et un futur. Le mythogramme, lui, présente les personnages non structurés linéairement, qui sont les protagonistes d'une opération mythologique. Ils ne tiennent que sur la tradition orale. Et ce sont des occasions de raconter telle ou telle légende ou tel ou tel mythe." Ces deux définitions, offertes par André Leroi-Gourhan, peuvent servir de points de départ pour aborder le travail de Livia Deville.
La série des " People-fiction " consiste en une superposition de silhouettes délinées, de postures, de visages au dessin lapidaire. Pline l'Ancien voyait l'origine de la peinture dans le tracé des contours de l'ombre d'une personne en partance, par un potier de Sycone; si Livia Deville rejette le pathos nostalgique de cette anecdote, c'est que le profil initial peut-être le déclencheur d'un processus de remémoration fertile. En effet, la suite de figures qui envahissent la surface de la toile naît de cette évocation première, et elles forment le terreau de la multitude à venir. Les carrefours de ce labyrinthe de lignes, d'attitudes, constituent les prologues de fictions proliférante, sitôt oubliées qu'apparues. Autant de mythogrammes en attente de récits (la logique de la fiction s'apparente à celle du mythe, si leur échelle diffère). Le regard que porte un peintre sur le monde alentour n'est jamais solitaire, ni la main qui malaxe la pâte. trois cents siècles de pratiques de l'image (d'alliés, d'échos) guident et contiennent les gestes: toujours le su redouble le vu. La rumeur immémoriale, c'est ce corpus de formes presque infini, de manières de faire, de Thèmes et de Noms.
Photographie, cinéma, numérique imposent aujourd'hui leur clameur. L'entrée dans la vidéo sphère modifie la nature de la toile:écran. Ainsi rendre compte de la pratique de Livia Deville impose l'utilisation de répertoires croisés. Aux visages projetés, décadrés, floutés, la notion de portrait disconvient. Les petits carrés collé manifestent leur appartenance technique: ce sont des pixels. Et c'est vue d'avion que les estivants s'alanguissent sur la toile, mais finalement sur la toile. Rumeurs et clameurs guerroient incessamment sur la toile, mais finalement composent. Le projet de Livia Deville est à l'opposé de la logique d'exclusion des avant-gardes: il est inclusif. Il est la tentative de forger le récit du réel dans toute son étendue, dans son hétérogénéité; les figures en devenir auront la cohérence temporelle des pictogrammes et l'ouverture des mythogrammes.
Virginie Péan, janvier 2004
Site de l'artiste
Expositions personnelles (sélection)
2010 - Galerie RDV, Nantes
2008 - Galerie Petit Maroc, St Nazaire
- Centre Culturel Français, Ouagadougou (Burkina Faso)
2007 - Peintures", Box 212, Paris
Expositions collectives (sélection)
2010 - Tryptique (salon d'art contemporain), commissariat Galerie RDV, Angers
2009 - "à la surface de l'infini"(Frac Ile de France) Hors les murs, Noisy le sec
- Art's Birthday, Nantes
2008 - Welcome Home 2, Chez Delphine Doukhan, Nantes
Bourses
2010 - Aide à la création du Conseil Régional de Loire Atlantique
2008 - Aide au matériel, Drac Pays de la Loire
2007 - Aide à la création, Conseil Régional de Loire Atlantique